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Burkina Faso:Le Ruudga un instrument de musique qui parle

Au Burkina Faso, le ruudga, ou violon traditionnel, est un instrument de musique traditionnelle tout comme le Bindré, le Kundé, ou les Kièma, mais qui n’a pas sa langue dans la poche. Le mythe qui l’entoure lui donne un caractère particulier et chargé d’histoire.

Michel et son frère (Crédit photo : Gidéon Vink)

Le ruudga n’est pas seulement un simple instrument de musique traditionnelle. Sur ce point, personne ne dira le contraire, en tout cas, pas ceux qui ont pu assister à la projection le mercredi 1 mai 2013 au petit Méliès de l’Institut Français de Ouagadougou du film « Le Ruudga parle », de Gideon Vink. L’instrument a parlé et de surcroît a fait parler des gens. Que ces derniers l’aient voulu ou pas. C’était en effet, à l’occasion du festival Jazz à Ouaga, son volet culturel, poétique et folklorique.

Nous sommes dans une époque où la révolution artistique et culturelle sonne comme une évidence. « L’impact des instruments traditionnels à l’aube du XXI siècle », ainsi s’intitulait l’un de nos précédents articles pour Zembalaculture. En effet, les instruments de musique traditionnelle cache en leur profondeur d’harmonieuse sonorité qu’il faut découvrir. Il nous faut donc nous creuser les méninges pour trouver les réactifs approprié pour leur mise en évidence. C’est-à-dire, du travail de recherche et de création.

Le ruudga à un moment donné a été marginal de la grande famille des instruments. Pourtant, il a fait des honneurs dans la société traditionnelle. Depuis des lustres, il a été au service des personnes les plus modestes et les humbles d’esprit : des personnes qui s’étaient fait griots dans les palais royal, de simple musiciens dans les cérémonies, les cabarets, et même à qui voulait l’écouter en contrepartie de quelconque présent.

L’instrument des aveugles et des mendiants ?

C’est pour cette raison d’ailleurs que l’étiquette de pauvreté lui a été collée, à l’instrument et à ses joueurs. En quelque sorte, c’est l’image démon qui explique le désintéressement. La peur, la croyance était de toute part que l’instrument était destiné ou est du moins prédestiné au nécessiteux de la société (les personnes frappé de cécité et de mendicité). Si les promoteurs de l’instrument contestent cette caractéristique de l’instrument, force est de constater que même de nos jours dans la société actuelle, les meilleurs joueurs du ruudga reste des personnes qui souffrent des maux ci-dessus cité : cécité et mendicité, comme vous pouvez le remarquer sur la photo des artiste ci-dessous.

En prestation (Crédit photo : Gidéon Vink)

Pour Nouss Nabil, artiste musicien, joueur de ruudga, pionnier dans l’utilisation de l’instrument dans la musique moderne, « il n’en est rien ». De plus, pas besoin d’aucune initiation pour jouer le ruudga

Grâce à son travail de recherche et de création, Nouss a pu mettre sur les rails les sonorités hors norme et hors commun de l’instrument dans la musique tradi-moderne burkinabé.

D’ores et déjà, il n’est point exclu de penser au mystère qui plane toujours sur l’instrument. Dans le film documentaire de Gidéon Vink, on peut bien entendre les doyens, joueur professionnel et expérimenté qui révèlent un tout petit peu le coté mystique de l’instrument.

Esprits et génies

La question mérite d’être posée. Nouss Nabil en tout cas, qui a été soumis à l’épreuve de l’instrument, il affirme avoir eu fréquemment des visions, des hallucinations et à un moment donné avait été traité de possédé, de fou par son entourage.

El hadj, joueur de l’instrument témoigne la véracité de cette histoire. Comme quoi le ruudga est hors norme, il appel sans distinction, ni de race, ni de religion. « Le ruudga n’est pas un simple instrument de musique. Il a une dimension spirituelle et occulte », a soutenu l’El Hadj.

Michel (photo ci-dessous), 50 ans de carrière avec l’instrument, confirme son aspect mystique. Il dit avoir marché à pied de son pays le Burkina, vers la Côte d’Ivoire et le Mali où il partait donner ces prestations musicale. Grosso modo, tous parlent le même langage.

Chez Michel, l’aspect mystique est encore plus étonnant. Bien avant de se mettre sur scène ou du moins, à toucher de son instrument, il profère des incantations. Il invoque les quatre forces, les ancêtres, et les génies.

Comme quoi le ruudga, en tout cas pour ce qui est du Burkina Faso, n’est vraiment pas un instrument banal. L’artiste Nouss, qui compte continuer à en faire la promotion, dit avoir des projets aussi fous pour l’avenir de l’instrument.

Maxime COMPAORE pour zembalaculture


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