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LES SOURCES DE L’ARCHEOLOGIE AU BURKINA FASO

La recherche archéologique et préhistorique au Burkina Faso n’est devenue une activité régulière que depuis une trentaine d’années. De la conquête française en 1896 jusqu’à 1970, l’archéologie fut l’affaire de non spécialistes (administrateurs, médecins, géologues,missionnaires) qui firent des découvertes fortuites, réalisèrent des collections et laissèrent même des relations sur leurs découvertes.

Dix ans après l’indépendance intervenue en 1960,aucune structure nationale ne s’occupait encore de recherche archéologique. Puis cette activité s’est implantée et développée au Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), à l’Université de Ouagadougou et à la Direction du Patrimoine Culturel (DPC) du Ministère chargé de la Culture. Malgré cet essor récent, l’inventaire du patrimoine archéologique reste d’actualité, la prospection inachevée et les fouilles rares. On peut cependant dresser d’une part l’apport des précurseurs, ceux d’avant 1970, et d’autre part les contributions des archéologues de métier, nationaux comme expatriés, qui interviennent à partir de 1970. Tous ces gens ont livré des informations dont l’exploitation éclaire l’histoire des pays dont la conquête a donné l’ancienne Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso.

I. Le temps des découvertes fortuites

Entre le moment de la conquête et 1970, les agents de la colonisation ont été
les premiers archéologues du pays. Des personnes de professions diverses, au cours des tournées qu’exigeaient leurs métiers, sont tombées sur des vestiges qui les ont
impressionnées. Elles en ont, le plus souvent, laissé des relations écrites. Certains ont même effectué des prélèvements, constituant ainsi les premières collections archéologiques du pays.
Celles-ci se sont retrouvées en dépôt au Centre Voltaïque de la Recherche Scientifique CVRS)1, actuel Centre National de la Recherche Scientifique et Technologique (CNRST), ou à l’Institut Français d’Afrique Noire (IFAN), actuel Institut Cheikh Anta Diop de Dakar. D’autres collections archéologiques et ethno-archéologiques se sont retrouvés au Musée de l’Homme à Paris, au Musée de paléontologie de Liège en Belgique, au Musée Royal d’Afrique Centrale à Tervuren en Belgique, à l’Institut Léo Frobénius à Francfort et dans des dépôts privés.

  • Les collections en question étaient constituées de matériels lithiques, de pièces céramiques, de parures en pierre et métaux et enfin d’outils et armes métalliques.
  • Parmi ces précurseurs, certains noms doivent être cités, et tout d’abord Henrib Labouret dont la contribution à la connaissance de l’histoire du sud-ouest du pays est prodigieuse. Il a joué pour le « Rameau Lobi » le même rôle qu’a joué Marcel Griaule pour les Dogon.
  • Outre l’histoire des migrations et de l’organisation politique, économique et socio-culturelle des peuples qu’il regroupe sous l’appellation « tribus du rameau lobi », il laisse une littérature très instructive sur les fameuses ruines du lobi qu’il a contribué à faire connaître internationnalement. Il a été aidé dans cette œuvre de diffusion par le docteur Emile Ruelle en 19053, les administrateurs Maurice Delafosse et Jacques Bertho entre 1902 et 1952. Henri Labouret a effectué des sondages dans certaines des ruines du Lobi (Oyono, Yérifoula, Karankasso) mais le matériel exhumé et qu’il a décri, ne nous est pas parvenu. Il se trouve probablement dans une ou des collections privées.
  • Jacqus Bertho, en plus de son intérêt pour les ruines du Lobi, s’est également intéressé vers 1946 à la production artisanale de fer dans le territoire de Haute-Volta. Il a ainsi décri avec beaucoup de minutie cette activité en pays bwa, autour de Dédougou. Il est l’un des témoins occulaires du fonctionnement des derniers fourneaux de réduction du minerai de fer. Avec lui, et sur ce thème, il faut nommer aussi le Capitaine Noiré, administrateur de Ouahigouya (1904) et Claude Francis-Bœuf (1937) dont le regard s’est porté sur les techniques de réduction dans presque tous les territoires de l’ancienne Afrique Occidentale Française.

Parmi les précurseurs, Raymond Mauny est le plus connu. Ancien administrateur colonial comme Henri Labouret, il s’est très vite tourné vers la recherche et dirige dans les années 1950 la section préhistoire- protohistoire de l’IFAN de Dakar.
C’est dans ce cadre qu’il publie en 1966 son monumental « Tableau géographique de l’Ouest Africain au moyen-âge » qui est une brillante compilation de résultats de recherches archéologiques et historiques pratiquées dans les territoires français de la sous-région. Auparavant il avait publié dans les Notes Africaines un « Etat des connaissances sur la préhistoire et l’archéologie de la Haute-Volta ». Ce document est resté longtemps la seule synthèse sur l’archéologie et la préhistoire au Burkina Faso. Raymond Mauny y récapitule toutes les découvertes connues alors.

Sa position à l’IFAN de Dakar lui permettait d’être au cœur de l’information scientifique. Grâce à ce premier bilan, des auteurs peu accessibles sont connus et leurs découvertes exposées. Les plus importantes à l’époque sont les ruines du Lobi, les sites préhistoriques des environs de Banfora, Bobo-Dioulasso, Gaoua, Douna, Sindou, Kawara, etc., les nécropoles à jarres et les rupestres de l’Aribinda. L’auteur conclut son article en proposant des éléments de méthodologie pour poursuivre les recherches archéologiques et préhistoriques. Plusieurs sites d’art pariétal ont donc été révélés par les précurseurs. Aux travaux de Jean Rouch et de Yves Urvoy il faut ajouter ceux de Jean Henninger (1954 et 60),du R.P. Jean Hébert (1961) et de Antoine Prost (1971).

Avec ces auteurs sont identifiées et décrites des gravures rupestres sur les dômes granitiques autour d’Aribinda, sur des tables de grès dans les environs de Toussiana, à l’intérieur d’une grotte à Borodougou, à proximité de Bobo-Dioulasso. Les auteurs ayant travaillé isolément, aucune étude comparée n’a été tentée entre les différentes représentations. Aucun d’eux n’a pu résoudre le problème de la datation des vestiges et parfois même celui de leur interprétation. Parmi ce groupe d’auteurs il convient de signaler la contribution très significative du R.P. Jean Hébert à la recherche archéologique et historique au Burkina Faso. Fondateur et enseignant au Collège de Toussiana, l’un des tout premiers centres de formation d’instituteurs dans la colonie de Haute Volta, le R P.

Jean Hébert s’est montré d’une curiosité multidirectionnelle. Ses nombreuses investigations, son souci de mettre à la disposition des élèves voltaïques des instruments pédagogiques adaptés, l’ont conduit à publier deux manuels d’histoire, l’un sur la Haute-Volta et l’autre sur l’Afrique Occidentale française. Parmi les précurseurs, signalons aussi Georges Savonnet qui jusqu’aux années 1980 continuait de produire sur l’archéologie burkinabé. Il fut le premier à décrire des ruines de fortifications en pays nuna-sissala situées autour de Léo. Il s’intéressa également aux anciennes mines d’or de la région de Dano dans la Bougouriba qu’il confondit hélas avec des habitations troglodytes. Les artefacts prélevés sur le terrain, parmi lesquels deux bracelets en bronze ou laiton dont les dessins sont reproduits en couverture de « Notes et Documents Voltaïques », publication du Centre Voltaïque de la Recherche Scientifique, ont tous disparu.

Tout récemment, Georges Savonnet a proposé sa lecture relative à l’ensemble des ruines (des centaines) qui parsèment le pays lobi-dagara. Enfin, les recherches parallèles de Guy Le Moal et de Robert Guitat touchant l’archéologie et la préhistoire du Burkina fAso ne manquent pas d’intérêt. Ont été ainsi présentés les travaux de certains précurseurs, ceux dont la contribution nous a paru majeure pour le futur de l’archéologie burkinabè. Ils ont réalisé un travail d’identification et de déblaiement qui nous rend de grands services aujourd’hui. En effet, les opérations qui ont été menées ultérieurement ont eu pour guides leurs données.

Il reste regretable que beaucoup d’artefacts de la période aient disparu. Les
quelques pièces retrouvées au Musée National qui les avaient héritées du CVRS et dont certaines servaient à caler des jarres d’eau, ont été inventoriées et étudiées par le laboratoire d’archéologie de l’Université où elles se trouvent maintenant en dépôt. Signalons que l’étude ne s’est pas faite sans mal, les pièces manquant parfois de références et étant toutes sans dossier. L’importante collection d’artefacts gérée par le Département préhistoire protohistoire de l’IFAN de Dakar a été recensée par le laboratoire d’archéologie en décembre 1984.

Il reste le problème de sa restitution au Burkina Faso ou même de son étude sur place. Il est très probable que des collections / objets souvenirs, des photographies et des cahiers de notes de l’époque coloniale se trouvent aux mains d’ayant-droit de personnes ayant exercé dans la colonie de Haute-Volta. La recherche archéologique burkinabè a besoin de tous ces témoins et de tous ces témoignages. L’histoire du Burkina Faso n’est pas encore écrite et il serait hautement souhaitable que tous ceux qui détiennent des « parcelles » de cette histoire se fassent connaître et surtout révèlent au grand jour les documents en leur possession. Après les précurseurs dont les recherches en archéologie ou en histoire ne constituaient qu’une activité secondaire, arrivent des professionnels qui font de la recherche sur programmes.

II. De 1970 à nos jours : les recherches sur programmes

A partir de 1970, des chercheurs spécialement formés en archéologie et qui
font de cette discipline leur métier, interviennent sur le terrain au Burkina Faso. Ils exercent dans le cadre de programmes pré-établis, font de la prospection et ouvrent des chantiers de fouilles méthodiquement menées. C’est aussi pendant cette période que les analyses scientifiques d’artefacts et les datations radiocarbones se multiplient. Cela entraîne au fur et à mesure un travail en équipes pluri ou interdisciplinaires. Le point d’ancrage principal des recherches archéologiques est l’Université de Ouagadougou qui crée un département d’histoire et archéologie en 1974-1975 et ouvre un laboratoire d’archéologie en 1976.
L’enseignement de l’archéologie apparaît dans les programmes et se développe d’année en année. Les autorités marquent un intérêt de plus en plus poussé pour la discipline même si elles en laissent le financement aux partenaires étrangers. Au demeurant les actions isolées n’ont pas totalement disparu. On pourrait s’appuyer sur la chronologie des faits pour rappeler les principales contributions de la seconde période de l’archéologie burkinabé.

II.1. Les recherches de Bassey E. Waï-Oghosu

La décennie 1970 s’ouvre avec les recherches de Bassey E. Waï-Oghosu, préhsitorien nigérian basé à l’Université de Legon au Ghana. Entre 1970 et 1972 il explore le nord et l’ouest du pays. Il a ainsi fouillé le site de Rim au Yatenga où il identifie trois cultures distinctes. La plus ancienne est une culture microlithique sans céramique avec un outillage composé de racloirs, grattoirs, perçoirs, couteaux, burins, tous réalisés à base d’éclats et de lames de quartz. Cette culture est celle de chasseurs –cueilleurs qui ont vécu entre 10 000 et 3 000 ans avant notre ère. La culture suivante est caractérisée par un outillage en pierre (granite) avec de grands tranchants, des meules, des broyeur et des polissoirs. La céramique avec décor apparaît. La culture du sorgho et du pois (voandzou) est pratiquée. Les dallages des sols montrent un habitat sédentaire organisé. Cette culture a pu être datée de façon absolue entre 1 500 et 500 avant notre ère. La métallurgie du fer apparaît à Rim au cours de la 3e période et est datée de 200 de notre ère. Bassey E. Waï-Oghosu a également mené des recherches à l’extrême nord-est du pays autour de Tambao.

C’est là qu’il a identifié à Tin-Edia un outillage lithique fait de choppers et de bifaces et qu’il a daté par analogie au Middle Stone Age, c’est-à-dire entre 50 000 et 15 000 avant notre ère. Dans l’ouest du pays, Bassey E. Waï-Oghosu a fouillé les sites de Kawara et de Sindou. Sur le second site ont été mises à jour deux cultures qui rappellent par leur contenu et leurs chronologies les découvertes de Rim. Mais ces cultures pourraient être plus âgées que celles de Rim en raison de la présence de nucleus, de choppers, de chopping-tools et d’éclats obtenus par la technique de débitage levallois.

A Kawara, les mêmes types de cultures ont été reconnues. Le site recelait en plus des peintures, enrichissant les connaissances sur l’art pariétal. Bassey E. Waï-Oghosu, après la soutenance de son Ph-D thesis, a interrompu ses recherches en Haute-Volta. Il a aussi changé de nom et publie sous celui de Bassey Andah. Il a disparu en 2000, mais le Burkina lui doit beaucoup pour avoir instauré une archéologie scientifique dans le pays. Sa relève a été réalisée par le laboratoire d’archéologie dont les fondateurs sont feu le professeur Jean DEVISSE et Jean-Baptiste KIETHEGA, le premier archéologue voltaïque.

II.2. Les programmes de recherche du laboratoire d’archéologie

Jean Devisse et Jean-Baptise Kiéthéga se sont fixés dès 1973 les objectifs suivants :

  • - entreprendre une prospection archéologique à grandes mailles qui couvre l’ensemble du pays ;
  • - démarrer un programme de recherche spécifique sur l’exploitation traditionnelle de l’or et du fer ;
  • - accélérer la formation d’archéologues nationaux pour répondre aux besoins qui se révélaient immenses. Mais laissons de côté le dernier objectif pour nous intéresser aux deux premiers.

II.2.1. Le programme sur l’exploitation traditionnelle de l’or et le fer

A la vérité, le projet de prospection à grandes mailles s’est vite arrêté avec une couverture d’à peine le tiers du territoire. Le travail s’est révélé colossal face à l’indigence des moyens humains, matériels et financiers. Cependant certaines orientations de recherches s’imposaient déjà autour desquelles les prospections et les fouilles pouvaient s’organiser. Il en est ainsi de l’exploitation traditionnelle de l’or et du fer dont nombreux vestiges ont été repérés depuis la période coloniale. Après quelques reconnaissances en 1973 et 1974, le programme débuta par le volet aurifère. Grâce aux travaux de Henri Labouret, la production d’or sur la rive droite de la Volta Noire (actuelle Mouhoun) était suffisamment connue. Il n’en était pas de même sur la rive gauche malgré une activité industrielle à Poura entre 1939 et 1965 et c’est pourquoi les recherches commencèrent sur cette rive en se centrant sur le triangle Poura-Fara-Ton, trois villages dont le passé s’est conjugué avec celui de l’or.

Les sources orales ont d’abord été recueillies grâce auxquelles les principaux centres de production ont été identifiés. Mêmes les placers de petites dimensions ont pu être ainsi répertoriés, de même que les campements de mineurs. Toujours grâce aux souvenirs des anciens, une chronologie relative de l’exploitation minière a été établie en relation avec les mouvements migratoires des peuples qui y intervinrent. Ces mêmes souvenirs ont permis une approche des techniques et méthodes de prospection et de production traditionnelle de l’or. Les mêmes sources orales ont été déterminantes dans le choix des sites de mines et de campements qui ont été fouillés. La carte archéologique de la zone a bénéficié des mêmes informations auxquelles ont été ajoutées celles de prospections géologiques précédentes et la photo-interprétation de photographies aériennes d’une couverture de 1952. Plusieurs données des sources orales ont été confirmées par l’archéologie. On peut par exemple relever la grande concordance entre ces deux sources lorsqu’elles traitent des techniques anciennes de production d’or. Les résultats de ces recherches ont été publiés dans un livre et sous forme d’articles.

On y relève comment les anciens mineurs ont été identifiés, que l’exploitation a démarré au XIVe-XVe siècle, que les quantités produites n’étaient pas très importantes, considérées sur la longue durée et enfin que plusieurs causes
d’insécurité intervenues à partir du milieu du XIXe siècle ont entraîné l’abandon de
l’exploitation traditionnelle de l’or sur la rive gauche du Mouhoun. La colonisation et ses contraintes, la concurrence du fer d’importation ont été à l’origine de l’abandon de l’activité sidérurgique dans l’ex. Haute-Volta. Les derniers fourneaux de réduction du minerai de fer se sont éteint après la seconde guerre mondiale. Cette métallurgie est cependant celle qui, dans le passé précolonial, a fait la réputation de certains peuples du Burkina Faso. C’est pourquoi le laboratoire d’archéologie en a fait un axe
principal de recherche mobilisant enseignants, étudiants et partenaires étrangers. Les nombreuses prospections et fouilles réalisées, les résultats auxquels on est parvenu, hissent le Burkina Faso au sommet des connaissances en matière de paléométallurgie du fer dans la sous-région francophone. Rappelons ici quelques fouilles et les résultats essentiels :

  • - 1979 : fouilles du site métallurgique de Kougri, département de Diguila,
    province du Sanmatenga.
  • - 1985 : fouilles des sites métallurgiques de Wanaré, département de
    Séguénéga et Yalka, département de Ouahigouya, tous deux dans la provinces du Yatenga.
  • - Fouilles des sites métallurgiques de Passakongo, département de Dédougou et de Béna, département de Solenzo, respectivement dans les provinces du Mouhou et du Banwa en pays Bwa.
  • - Fouilles des sites métallurgiques de Sié, département de Léo et de Pien, département de Bénia, tous deux dans la province de la Sissili en pays Gurunsi-Nuna.
  • - Fouilles du site métallurgique de Sindou, département dudit, province de la Comoé.
  • - Fouilles du site métallurgique de Pabré, département dudit, province d’Oubritenga.
  • - 1986 : fouilles des sites métallurgiques de Kampala, département de Tiébélé, de Tiakané dans le département de Pô, de Sapiu, département de Koumbili, tous dans la province du Nahouri en pays Gurunsi-Kaséna.
  • - Fouilles de Kougsabla, département de Kongoussi, province du Bam.
  • - 1993 : fouilles des sites métallurgiques de Biron, départemetn de Lékuy et de Dassi, département de Balavé, tous deux dans la province de la Kossi en pays Bwa.
  • - 1994 : fouilles du site métallurgique de Lokosso-Sandé, département de Loropéni, province du Poni.
  • - Fouilles du site métallurgique de Goden-Wologtenga, département dudit, province de Bulkiemdé.
  • - Depuis 2001 : fouilles du site de l’âge du fer de Wargoandga, province d’Oubritenga. Ce site sert de chantier-école pour la formation des étudiants en archéologie.

Il faut greffer au programme du laboratoire d’archéologie les fouilles de Douroula dans le Mouhoun réalisées à l’instigation et sur financement de l’Université de San Diégo aux Etats-Unis. Elles ont concerné aussi un site archéo-métallurgique. Au bilan, on est parvenu à déterminer des provinces métallurgiques du fer au nombre de quatre et à situer dans chacune des dizaines de centres métallurgiques.
Le répertoire des types de mines, de fourneaux et des méthodes et techniques de réduction s’est beaucoup enrichi. On reste surtout confondu devant l’ancienneté de cette activité alors que les vestiges apparents sont presque tous subactuels ou remontent tout au plus au XVe siècle. Une mine a été datée à Béna, dans le Banwa, du IVe-IIIe siècle avant notre ère et des bases de fourneaux de réduction fouillées à Douroula remontent, selon les datations radiocarbones, entre le VIIe et e Ve siècles avant notre ère.

C’est là une contribution très importante à l’histoire du fer en Afrique Occidentale et un démenti cinglant pour les thèses diffusionnistes qui zébraient le Continent Africain de routes du fer et déniaient à certaines contrées comme la sous-région la connaissance des techniques de fabrication du fer de gisement avant le IIIe siècle de notre ère. Les publications sont si nombreuses sur la paléométallugie du fer au Burkina Faso qu’il convient de se référer aux listes bibliographiques portées sur ce site. L’activité du laboratoire d’archéologie a été complétée et surtout renforcée par des programmes menés en coopération et par quelques initiatives individuelles.

II.2.2. Les programmes menés en coopération

Le plus important des programmes de recherche en coopération a engagé le
Département d’Histoire et Archéologie et surtout le laboratoire d’archéologie dans un projet intitulé « Histoire des cultures et des langues dans l’espace de la savane ouest-africaine », dans le cadre d’un partenariat avec l’Université J.W. Goethe de Francfort en RFA. Pendant dix ans, des recherches archéologiques, anthropologiques, palynologiques et autres, ont été conduites dans l’est et le nord du pays par des équipes composées d’enseignants et d’étudiants des Universités de Ouagadougou et de Francfort. Les chantiers de fouilles ont été les suivants :

  • - Abris sous roche de Pentenga, Madaaga, Yobiri dans « la falaise » du Gobnangou à l’est ;
  • - Sites de l’âge du fer à Saouga, Dori, Tin Akoff, Gorom-Gorom, Oursi, Kissi, Absouya, etc.
  • - Sites archéologiques : Dori, Sidéradougou, Tengrela, Bom, Dem

L’éventail des découvertes couvre les périodes préhistorique, protohistorique et historique. Des structures d’habitat, des nécropoles et un important mobilier céramique ont été mis à jour. L’essentiel des artefacts a été analysé et daté et une exposition a pu être montée à Francfort en 2001 avec les objets de parure en alliage de cuivre, en fer, en matière non métallique et les armes. Quatre colloques ont été organisés dans le cadre du projet avec chaque fois la participation de membres du laboratoire d’archéologie. Le projet a permis aussi de lancer une série de publications intitulée « Histoire et Archéologie du Burkina Faso avec comme co-éditeurs les professeurs Jean-Baptiste KIETHEGA de Ouagadougou et Eike Haberland de Francfort. Les quatre colloques organisés en 1992, 1995, 1999 à Francfort et
2001 à Ouagadougou ont été suivis de publication des actes dont des contributions relatives à l’archéologie du Burkina Faso.

Des partenariats ayant abouti à des fouilles et à des publications ont été
développés aussi avec l’Université de San Diègo aux Etats-Unis, l’Université de Padoue en Italie, dans le cadre de l’organisation de l’exposition internationale sur les « Vallées du Niger » et enfin avec le Centre Régional Inter-africain d’Archéologie (CRIAA) de Nouakchott en Mauritanie.
C’est avec San Diègo que des structures de réduction du minerai de fer ont été
fouillées et datées de 700 à 500 avant notre ère. La publication de l’ensemble des travaux de cette équipe reste attendue. Lassina KOTE du laboratoire d’archéologie, le professeur Armando de Guio et des étudiants de l’Université de Padoue (Italie) ont recensé et fouillé des buttes de l’âge du fer dans la province du Sourou. Le programme est inachevé mais déjà une masse d’informtions est sous traitement à Padoue. L’organisation de la grande exposition internationale et itinérante sur les « Vallées du Niger » a offert au laboratoire l’occasion de mener des fouilles sur la nécropole de Tougou au Yatenga. Deux jarres-cerceuils extraites lors de ces fouilles ont participé à l’exposition dont le catalogue publie aussi des textes sur l’archéologie funéraire, la paléométallurgie et la céramique ancienne, puissant leurs données dans les travaux du Laboratoire d’archéologie.

Enfin, en matière de recherche en coopération, le Centre Régional Inter
Africain d’Archéologie de Nouatchott en Mauritanie à offert l’opportunité à Antoine Kalo Millogo et Lassina Koté de publier un fascicule sur l’archéologie burkinabè dont le texte est repris dans un ouvrage dirigé par Robert Vernet, le directeur du CRIAA, sous le titre de « L’Archéologie en Afrique de l’Ouest – Sahara et Sahel ». L’ouvrage contient des données générales sur l’archéologie et reprend les textes des fascicules sur l’archéologie de certains pays : Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Sénégal.
En recensant les sources de l’archéologie burkinabè, nous serions incomplet si
certaines initiatives individuelles n’étaient pas prises en compte. Ainsi dans le contexte des mémoires et thèses, des publications ont accru considérablement les connaissances dans les domaines de l’histoire du peuplement, la paléométallurgie, la céramique et l’archéologie funéraire. On retrouvera ces travaux sur le site à la rubrique « mémoires et thèses ». Des géographes et anthropologues de l’ORSTOM ont apporté une touche non négligeable à l’archéologie du Burkina Faso. Parmi eux, Jean-Yves Marchall s’est penché sur les buttes anthropiques qui foisonnent au Yatenga ; Dominique Guillaud et Georges Dupré ont traité de l’archéologie de l’Aribinda. Quant à Gérard Bertrand, ses recherches sur les Kurumba du Lurum ont permis de rassembler des artefacts dont l’importance a nécessité l’ouverture d’un musée local qui s’est développé depuis. En guise de conclusion, on peut affirmer que les recherches archéologiques au Burkina Faso ont fait un bon prodigieux.

De quelques dizaines d’articles de quelques pages (parfois deux ou trois), on recense aujourd’hui un dizaine de thèses, une quarantaine de mémoires de maîtrise, de nombreux articles, couvrant des thèmes aussi variés tels que la préhistoire avec les industries lithiques et les rupestres, la paléométallurgie (or, fer, cuivre), les habitats anciens avec les mobiliers, les armes, les parures, etc.Les ressources humaines se sont accrues pour un travail plus efficient mais les handicaps restent très nombreux pour l’exploration de toutes les potentialités archéologiques du pays. Ces handicaps s’appellent manque d’infrastructure, surtout de conservatoire et manque de ressources financières.

Prof. JB KIETHEGA
Université de Ouagadougou


1 Commentaires

  • Monsieur, Madame je suis tres intéressé dans la céramique ancienne de Burkina faso. J’aimerais avoir contact avec quelqu’un qui peut m’aider avec les décorations sur une jarre/armoire de Kurumba. Tres souvent ils sont semblables au scarifications des femmes. Ici c’est différent. Cet armoire est tres spéciale pour la présence de son couvercle. Je peux envoyer des photos.
    Merci d’avance de votre aide. Leo Meijs, France.
    De 1974 à 1977 j’ai travailé au Burkina Faso comme volontaire Néerlandais dans différentes projects.

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