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La résistances Lobi face à l’envahisseur de 1915-1930

Situés dans la boucle du Niger, les pays voltaïques, qui constituent le Burkina Faso,
sont une vaste pénéplaine caractérisée par un climat sahélien au nord (faibles
précipitations) et un climat soudanais (plus humide) au centre et au sud. Trois fluves
principaux arrosent le pays : la Volta noire (Mouhoun), la Volta blanche (Nakambé), la
Volta rouge (Nazinon).

Dans les années 1915-1920, les populations voltaïques affichent des sentiments de plus en plus hostiles à l’égard de l’administration coloniale. Le recrutement militaire et l’importance des pertes humaines, la lourdeur des impôts, le régime des prestations forcées, et quelquefois les mauvais traitements infligés par les administrateurs,
sont à l’origine de ce climat pouvant aller jusqu’à l’affrontement.

Ainsi, en 1915-1916, une révolte d’envergure, provoquée en particulier par la levée dans la colonie du Haut-Sénégal Niger d’un contingent de 23 000 hommes, embrase la région de la Volta noire (environ 190 000 hommes concernés). L’administration doit faire appel à des renforts militaires venant des colonies limitrophes et c’est une véritable armée composée de 2 500 tirailleurs et d’une puissante artillerie qui réprime dans le sang la révolte (plus de 4 895 « rebelles » tués dans les cercles de Dédougou et Bobo-Dioulasso, 415 tués pour les troupes coloniales)

En pays lobi, les populations demeurent insoumises et font preuve de résistance face à l’envahisseur. Jusque dans les années trente, des « tournées de police » sont
régulièrement organisées. Ces tournées sont en fait de véritables raids militaires destinés à étouffer toute velléité d’indépendance. Les mesures de représailles sont sévères : les villages sont détruits, les chefs sont destitués.

« J’ai estimé nécessaire de détruire par le feu les habitations organisées en centre de résistance et munies de meurtrières. Cette opération a été réalisée méthodiquement et complètement. Un pareil châtiment était indispensable pour sanctionner l’attitude prise par les habitants et servir d’exemple dans une région trop
indépendante. »

Capitaine Labouret, commandant du cercle du Lobi

La chefferie administrative

Dans les sociétés du Sud-Ouest, les administrateurs coloniaux ont du mal à mettre en place une organisation hiérarchisée. Ils ne peuvent s’appuyer sur aucune autorité locale pour asseoir leur domination comme ils le font en pays mossi.

Dans les premiers temps, certains commandants de cercles (notamment à Diébougou) assurent directement l’administration de leur circonscription depuis leur
résidence : c’est un échec. Dans le Lobi, on essaie d’implanter artificiellement des chefs, choisis parmi des personnes étrangères au pays : les expériences menées dans les années 1898-1908 ne sont guère concluantes ; ces nominations accentuent l’incompréhension entre les autorités coloniales et les populations indigènes.

Les autorités coloniales décident alors de confier les fonctions de chef à des personnalités considérées comme influentes au sein de leur village : de 1908 à 1912, les chefs de terre qui jouissent d’une autorité religieuse sont désignés comme chefs administratifs ; à partir de 1912, à l’initiative d’Henri Labouret, commandant de la circonscription de Diébougou, des chefs, choisis parmi les « amis des Blancs », sont imposés à tous les villages.

Ne pouvant s’appuyer sur la coutume et les traditions, cette chefferie administrative, si elle devient avec le temps un rouage important de l’administration coloniale, ne parvient jamais à s’imposer complètement.


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