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Les chenilles, ou chitoumous risquent de disparaître
Les chenilles, appelées « chitoumous » en langue dioula (les chenilles du karité), reviennent dans les plats des Bobolais chaque année et à la même période. Mais il semble que nos braves chenilles risquent de disparaître.
Les chitoumous qui sont les chenilles de karité sont des prédateurs spécifiues de l’arbre de karité. Ils sont issus d’un papillon qui pond des milliers d’œufs lesquels
évoluent successivement pour devenir des larves. De l’étape larvaire, ils évoluent pour devenir des chenilles. C’est lorsqu’ils évoluent en tant qu’insectes chenilles
qu’on peut les consommer. Les chenilles se nourrissent exclusivement de feuilles de karité et apparaissent chaque année à la même saison, (en hivernage). Le cycle est bien régulé. Vers le mois d’août-septembre,les chenilles commencent à descendre de l’arbre pour s’enfouir sous terre où ils vont continuer leur cycle, c’est-à-dire, se transformer en cristallite puis en papillon. C’est ce papillon qui va encore pondre les œufs tout juste pendant la saison des pluies et ça éclot et le cycle se poursuit. Pendant la période d’enfouissement dans le sol, elles contiennent une quantité non négligeable de liquides qui renferment des substances dissoutes comme les vitamines liposolubles (vitamines A, D, E et K). Parlant de la valeur nutritionnelle proprement dite des chenilles, si l’on prend 100 grammes de parties comestibles, pour ce qui est de la couverture énergétique, elle fournit 430 kilocalories à l’organisme. La teneur en protéine varie de 53,9 à 63 grammes. Sa teneur en protéines dépasse celle du poulet rôti et même celle de certains autres aliments qu’on que nous consommons.
Histoire
Si les vieux Bobo affirment qu’ils ont trouvé les chenilles à leur naissance, il nous revient qu’il n’y a pas de référence historique fiable en ce qui les concerne. En effet, les chenilles seraient venues de la migration, puisque c’est par un marabout venu du Niger que les Bobos mandarê les auraient connus. Pourtant une autre hypothèse développe l’idée selon laquelle la consommation des chenilles aurait commencé par les Bobos précisément à une période de famine. Ce qui est sûr, c’est qu’elles font aujourd’hui partie intégrante de la culture bobo.
L’AECB (l’Association pour l’épanouissement de la commune de Bobo-Dioulasso) a pour la première fois, nourrit l’idée d’organiser chaque année, à la même période, une journée consacrée à l’exposition des différentes recettes de chitoumou. Avec pour président Lassina SANOU, cette association a célébré sa première édition du 12 au 14 août 2005 à Bobo-Dioulasso. Mais son chemin fut jonché d’épineux dans la mesure où dès le départ, les sponsors potentiels n’ont pas répondu à leur requête. L’objectif visé par l’association est pourtant noble car cette fête vise à développer le projet de conditionnement des chenilles dans les boîtes de conserve et la promotion des mets à base du chitoumou dans les grands restaurants et les hôtels du pays. En plus, la notion de protection du karité et le progrès dans le domaine économique de la fête au profit des vendeuses est non négligeable. Lors de cette fête, des chenilles d’or, d’argent et de bronze sont remises aux participants.
La hausse du prix
Concernant la hausse du prix, deux raisons essentielles sont à souligner : la première peut être due au changement climatique, voir la rareté des pluies, et la deuxième renvoie au fait que ces chenilles seraient exportées vers le Nigeria, d’où la diminution de leur quantité sur notre territoire. La preuve est qu’en faisant un flash-back aux années antérieures, il ressort que pendant le mois de juillet-août, avec seulement 200f, le citoyen pouvait s’offrir une boîte de tomate remplie de chenilles, alors que cette année, ce prix a connu une hausse considérable. A compter de l’apparition des chenilles au marché de Colma nous avons fait le constat et c’était 2500f la boîte. Mais aujourd’hui, le prix varie, nous sommes entre 1000fcfa et 900fcfa.
Changement climatique ou pas, en tout cas, nous arriverons à un stade où il n’y aura plus de chenille dans la région de Bobo puisque déjà, on en trouve pratiquement plus dans les petits villages environnants de Bobo comme Kiri, Léguéma, Logfourousso, etc. Les localités les plus sûres sont Yangologo, Marbagasso.
CURIOSITÉS
En termes de valeur nutritionnelle, la consommation de chitoumou permet un apport nutritionnel de 430 kilocalories à l’organisme. Il a une importante teneur en protéine qui varie de 53,9 à 63 grammes. Le chitoumou est tout aussi riche en vitamine A dont la teneur est estimé à 20 microgrammes de rétinoles, une vitamine très essentielle à la croissance, à la vue pour ce qui concerne l’intégrité de l’œil. Par ailleurs il permet de lutter contre les infections et intervient dans la protection de la peau et de l’épythélium. La teneur en calcium du chitoumou est estimée à 185 mil
ligrammes et sa teneur en fer de 2,3 milligrammes. Intégrer le chitoumou dans nos habitudes alimentaires permet un important apport en protéines et contribue par la
même occasion à lutter effiacement contre les troubles de croissances surtout chez les enfants et le kwashiorkor.
La Recette du Mois
Samoussa au chitoumou
Faite bouillir le chitoumou 30 minutes, essorez et émincez.
Sautez avec un peu d’huile, de l’oignon, de sel et d’épices.
Mélangez 200g de farine, 50g de semoule fie, 300ml
d’eau, 1 œuf, fouettez jusqu’à obtention d’une pâte flide
homogène sans grumeaux. Préchauffez une poêle huilée.
Nappez la poêle de fies couches. Les feuilles de brick
cuites et refroidies, faite des cônes, fourrez votre mélange
de chitoumou et coller les bords avec du blanc d’œuf.
Huilez légèrement, passer au four 15 minutes.
Bon appétit !